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  • Photo du rédacteurPrudence Nazeyrollas

Éduquer sans violence

Dernière mise à jour : 5 juil. 2020

Le rôle de parent, d'éducateur, est de former l'enfant à devenir un adulte, mais pas n'importe quel adulte, autant que possible, un adulte épanoui, heureux, respectueux de ses congénères et des lois. Tout ça à la fois, bien sûr le rôle de parent est difficile, délicat, épuisant également et pourtant c'est possible. Cent fois sur le métier tu remettras l'ouvrage, l'éducation c'est aussi beaucoup de répétition.

Vous ne serez pas un ou des parents parfaits, de toute façon ça n'existe pas, et votre enfant arrivé à l'âge charmant de l'adolescence trouvera toujours quelque chose à vous reprocher (on peut d'ailleurs parfois admirer leur créativité).


La violence engendre la violence.


Il existe différents types de violences, physiques ou non physiques:

L'humiliation, le dénigrement et les insultes plus ou moins déguisées: «Tu t'es sali, tu es un cochon... Tu n'es pas capable de faire ça? Moi à ton âge je me débrouillais mieux... », « Tu as fait une bêtise, tu es méchant... tu t'es comporté comme un petit con... Oh! Vraiment qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un enfant pareil?...».

Les attentes trop fortes: « Travaille plus! Tu ne dois pas avoir de notes en dessous de 16... On va voir ta grand-mère à l'hôpital, tu es un grand garçon de 4 ans, tu vas rester sagement dans le couloir à nous attendre, on n'en a que pour quelques heures... »

Le harcèlement: Ne pas respecter un minimum de vie privée de l'enfant, le harceler de questions ou de réflexions sur son travail scolaire, son alimentation, ses copains, ses activités...

La négligence: Ne pas s'occuper de son travail scolaire, de sa santé, ne pas ou presque pas lui parler, le laisser des heures devant la télévision, le laisser se coucher à n'importe quelle heure, ne pas lui imposer de limites...

Je n'ai abordé que les plus courantes, mais il en existe malheureusement bien d'autres.

Se remettre en question

Vous pouvez vous faire aider par des spécialistes (psy, éducateurs...). Une question d'abord: Y-a-t-il plus de honte à avoir quand on se tait et n'en fait qu'à se tête ou quand on admet ne pas être parfait et avoir besoin d'aide pour s'améliorer?

Apprenez à vous respecter et à respecter les autres, ainsi vous apprendrez à votre enfant à se respecter, à vous respecter et à respecter les autres. Mettez-vous au clair avec les préjugés, les discriminations, les jugements à l'emporte-pièce...

Apprenez à comprendre la manière dont vous fonctionnez: Qu'est-ce qui vous énerve? Comment vous calmer? Comment vous faire aider par l'autre parent, ou par quelqu'un d'extérieur? Acceptez vos forces et vos faiblesses, n'hésitez pas à demander de l'aide. Les groupes de parole ou ateliers de parents peuvent aussi vous aider.

Les limites en questions

Il faut poser des limites, mais lesquelles? Réfléchissez, apprenez à voir à partir d'un autre point de vue que le vôtre.

Il faut vous même croire en ces règles. Votre enfant sentira si vous lui dites de ne pas mettre ses coudes sur la table mais que vous ne pensez pas que c'est important (et que vous faites ça à cause de votre belle-mère par exemple).

Et vous même obéir à ces règles, sauf les règles liées directement à l'âge et/ou à des contraintes physiologiques, il faudra l'expliquer à l'enfant « Tu es encore petit, tu as besoin de plus de sommeil que moi, mais quand tu seras grand tu pourras aussi te coucher plus tard... Tu prends tes médicaments parce que tu es malade... Je ne prends pas de médicaments, je ne suis pas malade! ».

Soyez logiques!

Le bons sens. Réfléchissez à la logique de ce que vous proposez. Vous voulez punir parce que votre enfant refuse de manger alors que c'est l'heure du repas? Demandez lui juste de goûter un peu de chaque, transformez le repas en jeu d'apprentissage du goût, demandez-lui de deviner ce qu'est chaque partie du repas. S'il n'a pas faim, ne le forcez pas à manger, il mangera plus au prochain repas. Voulez-vous vraiment apprendre à votre enfant à manger sans faim? C'est un apprentissage de l'obésité que vous lui proposeriez alors.

N'allez pas demander au petit bout d'un an de comprendre que la vase offert pour votre mariage par votre belle famille est un cadeau de prix et si fragile et qu'il ne fallait pas essayer de l'attraper. Vous ne voulez pas de dégâts: sécurisez les lieux, totalement ou partiellement, (sécurisez par exemple la pièce où vous passez beaucoup de temps et lâchez votre enfant par terre, ainsi que sa chambre).

Faites des choix: soit interdire de toucher certaines choses (mais ça ne peut pas être valable pour l'ensemble de la maison, restons raisonnables), soit ne pas y mettre l'enfant (comme le garage par exemple), soit tout sécuriser; vous pouvez mixer ces différentes solutions: tout est sécurisé sauf le garage auquel l'enfant n'a pas accès, et il reste un danger avec un objet que vous voulez garder à portée de main: la seule règle pour l'enfant sera de ne pas toucher cet objet, c'est raisonnable pour lui (en fonction de son âge).

L'enfant apprend en explorant son environnement. Il lui faut des limites, mais trop empêcheraient cette exploration-découverte du monde.

Comprendre

Essayez de comprendre votre enfant, posez lui des questions, essayez de vous mettre à sa place, de voir ce que vous pouvez faire pour l'aider et de ce que lui peut faire. Aidez-le à verbaliser ce qui se passe en lui, pour lui.

Exemple: Les notes de votre enfant baissent. Essayez de savoir ce qui se passe.

Est-ce qu'il travaille moins? Est-ce que le professeur des écoles l'humilie en cours? Est-ce qu'il se fait racketter? Est-ce qu'il est fatigué à l'école parce qu'il dort moins? Est-ce qu'il n'a pas compris les bases et que du coup même en travaillant il n'arrive pas à suivre, à comprendre? Est-il en bonne santé?

Ne lui posez pas toutes ses questions directement, mais demandez-lui de vous parler de l'école, de sa vie, s'il a des soucis dont il voudrait parler...

Compréhension, compassion, empathie.

Connaître

Tout d'abord, avant de fixer des limites, de vouloir que votre enfant puisse faire telle ou telle chose, il convient de savoir ce qu'il peut faire. On note des généralités qu'il faut adapter à chaque enfant (certains sont plus rapides, d'autres plus lents, certains timides, d'autres expansifs, certains gros dormeurs, certains petits dormeurs...):

0 à 1 an: le bébé, le nourrisson.

Ils ne commencent généralement à faire leurs nuits qu'à partir de 3 mois (qui correspondent pour les petits à 5 heures de sommeil d'affilée la nuit) et à 1 an 25% ne font pas encore leurs nuits.

Ils ne différencient vraiment (dès la naissance il y a une reconnaissance olfactive) les parents des autres qu'à partir d'environ 8 mois, c'est la fameuse angoisse du 8ème mois: votre enfant faisait des sourires à tout le monde et voilà que dès que vous lui présentez quelqu'un il se met à pleurer: c'est normal, avant il ne faisait pas bien la différence.

Vers un an les débuts de la marche et les premiers mots, premiers pas vers l'indépendance, il y a encore beaucoup de chemin à faire.

Pendant cette période l'enfant à besoin de beaucoup d'attention, de contacts, de paroles, de gestes qui consolent... Son cerveau est très malléable, il se gave d'informations (couleurs, bruits, textures...), l'enfant apprend énormément sans qu'on n'en voit grand chose.

2 ans: l'âge du « non », votre enfant dit « non » à tout, même si c'est pour faire les choses ensuite, il s'oppose car il se différencie de vous. En disant « non » il dit « oui, je suis moi», « non, je ne suis pas une extension de toi ». C'est le début de l'autonomie.

Il faut poser les limites, lui apprendre les règles de vie en société « on ne frappe pas »...

Attention avant 6-7 ans l'enfant à du mal à distinguer la réalité et la fiction, il peut raconter des choses fausses en croyant que c'est vrai, on ne peut alors pas parler de mensonges (ni donc le punir pour ça), mais attention également: écoutez votre enfant, il ne dit pas forcément des choses fausses.

Astuces

Il s'agit juste de quelques astuces: à vous d'inventer les vôtres et d'être créatif.

Expliquez à votre enfant que vous aussi avez été soumis à des règles pour enfant, « Tu sais quand j'avais ton âge, moi aussi... ».

Responsabilisez l'enfant: Confiez-lui des tâches, félicitez-le quand il y arrive, s'il n'y arrive pas, aidez-le et félicitez-le. Confiez-lui des tâches primordiales quand vous vous occupez des tâches ménagères: « Il faut absolument touiller la casserole, tu crois que tu sauras faire?... Tu peux prendre le verre sur la table et le mettre dans le lave-vaisselle? Bravo! Voilà tu as débarrassé la table, tout seul! Tu es grand, tu es doué! Bravo! ».

Mettez-le en jeu de jouer votre rôle de parent: Votre enfant ne veut pas prendre son bain, donnez-lui son poupon pour que lui lave son « enfant » comme vous lavez le vôtre!

Faites parler l'enfant, demandez-lui de vous expliquer pourquoi certaines choses lui posent problème, ainsi vous pourrez établir un « plan de bataille » avec lui et non contre lui. La négociation peut aider.

Dédramatisez mais respectez les peurs de vos enfants (d'abord en écoutant), mais apprenez leur à rire, faites de l'humour. Ayez recours à son imagination et à la vôtre:

"Un méchant monstre rôde dans la chambre dès que la lumière est éteinte? Mais sache que les monstres se nourrissent de la peur et que si on se moque d'eux ils meurent! Alors si le monstre surgit qu'est-ce qu'on fait?

- On lui coupe la tête!

- Exactement on lui coupe la tête! Et quoi d'autre?

- On lui dit que c'est un vilain pas beau!

- Oui, hou! Le vilain pas beau monstre méchant mais qui fait même pas peur..."

Au lieu d'affronter l'enfant, on affronte avec lui ses peurs, comment on lui apprend à se rassurer seul... ce qui n'empêchera pas une petite veilleuse, si l'enfant le demande.

Donnez-lui l'exemple, allez vous brosser les dents en même temps que lui. Si ça ne marche pas, prenez rendez-vous chez le dentiste pour qu'il lui explique pourquoi il est important de se brosser les dents, jouez à vous brosser les dents mutuellement, jouez à celui qui crachera le plus vite quand la minuterie sonnera les 3 minutes de brossages.

Prévenir et expliquer

On prévient, on explique les règles avant, et de manière à être sûr que l'enfant à entendu et compris ce qu'on lui a dit.

Imaginez que vous arrivez dans un autre pays, vous tendez la main à quelqu'un pour la lui serrer, là des individus vous sautent dessus et vous emprisonnent. Vous êtes choqué de ce traitement injuste? Mais dans ce pays (imaginaire) tendre la main est un signe agressif, une menace de mort... Comment auriez-vous pu le savoir? Comment un enfant peut savoir que telle ou telle chose n'est pas bien? Parce qu'on lui explique.

Il arrive à tout le monde de parler à quelqu'un qui est entrain de faire une autre activité, plus tard vous lui dites « mais si, je t'en ai parlé », quand vous racontez à quelle occasion la personne vous dit qu'elle n'a pas entendu. Auriez-vous raison de disputer cette personne parce qu'elle n'a pas tenu compte de ce que vous lui avez dit, si elle n'a pas entendu?

Donc quand on donne des règles à un enfant, il y a des aides:

Mettez-vous à sa hauteur, vérifiez qu'il vous regarde, soyez rapides (la capacité d'attention des enfants est plus faible que celle des adultes), faites des phrases courtes, répétez plusieurs fois, expliquez pourquoi, et demandez à l'enfant s'il a bien compris, vous pouvez lui demander de vous réexpliquer pour vous montrer qu'il a bien compris.

Si vous utiliser les punitions, expliquez-lui que s'il ne respecte pas les règles il sera puni, qu'il n'y aura pas de discussion, redemandez s'il a bien compris (une fois que tout est dit on peut même rajouter un bisou et un câlin).

Valorisez

Quand votre enfant fait quelque chose de bien, dites-lui. Encouragez-le.

Combien d'entres nous demandent à leur conjoint(e) (s'il/elle ne le fait pas tout seul(e)) de lui dire qu'il/elle l'aime? On a beau le savoir, ça fait toujours plaisir à entendre. Attention, je ne parle pas ici de chantage affectif, ce n'est pas dans le cadre d'un "bon comportement", mais juste de temps en temps, quand vous en avez envie.

Punir

Sans l'humilier et en respectant l'être humain qu'il est.

On peut isoler un enfant qui pique une crise mais il leur suffit parfois d'attention pour se calmer, il faut, et là c'est parfois très difficile, apprendre à faire la différence entre un caprice et une réelle douleur.

On explique sa punition à l'enfant: ce qu'il a fait de mal, pourquoi on le punit, ce qu'il devra faire la prochaine fois.

Dès que possible choisissez une punition de type conséquence naturelle:

Votre enfant a renversé son bol de soupe alors que vous lui aviez expressément demandé d'arrêter de jouer avec. Au lieu de l'envoyer dans sa chambre, faites-le nettoyer (en plus ça vous économise du travail).

Votre enfant à écrit sur le mur? Une bassine, une éponge, du savon et l'enfant nettoie ses bêtises!

On peut d'ailleurs parler de sanction ou de réparation plutôt que de punition, on sanctionne le comportement, alors qu'on punit la personne. On aime et respecte toujours l'enfant c'est le comportement qui pose problème: son comportement, pas lui.

Il existe également une autre possibilité: la méthode du Dr Gordon, elle est très intéressante mais peut être assez difficile pour certains parents, elle demande en effet de bien la comprendre (et d'après ce que j'ai pu lire sur différents forums sur le Net, ce n'est pas si aisé), elle demande également du temps, et de la souplesse.

Mon gamin m'a énervé je l'ai frappé!

Malheureusement ça arrive. Ce n'était pas une bonne idée, ni un bon choix mais il arrive qu'on sorte de nos gonds, alors que faire?


1: La prévention:

Votre enfant commence à vous faire tourner en bourrique, respirez un bon coup, si vous en avez la possibilité confiez le à quelqu'un d'autre (l'autre parent, un grand-parent, une garderie...) le temps de vous calmer. Pensez à respirer.

Pratiquez l'isolement, placez l'enfant dans un espace sûr (sa chambre par exemple), expliquez-lui que vous êtes fatigué, que pour l'instant toute discussion supplémentaire ne ferait que vous énerver, qu'il vous faut du temps à vous et coupez court. Allez penser à autre chose, il suffit parfois de juste quelques minutes pour totalement décompresser. Si vous êtes très énervé, allez dans votre chambre, et trouvez un exutoire: attrapez un oreiller, mordez dedans, grognez, frappez-le (toujours l'oreiller), hurlez dedans, tentez de le déchirez, passez vos nerfs dessus, ça vous évitera de le faire sur votre enfant.


2: Vous l'avez frappé:

Expliquez-lui honnêtement que vous n'auriez pas dû, qu'on ne doit pas frapper les gens mais que vous étiez: trop énervé, mort de peur, fatigué...

Prenons un exemple:

Votre enfant court, il va traverser la route, vous voyez une voiture arriver, vous le rattrapez et lui collez une baffe. « Je suis désolé de t'avoir frappé mais j'ai eu tellement peur pour toi, la voiture aurait pu te tuer... »

L'enfant sait bien que vous n'êtes pas parfait, et lui non plus, vous pouvez bien sûr rester son modèle même si vous êtes faillible.



J'ai moi même été victime de violences suis-je foutu?

Non, bien sûr que non, on peut toujours s'en sortir, quelque soit les épreuves que l'on a vécu dans la vie, il y a toujours l'espoir de se reconstruire, de rencontrer quelqu'un qui peut nous aider, de lire un livre qui peut tout faire basculer, il ne faut pas oublier l'espoir que représente le concept de résilience.


Quelques sites:

OVEO (Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire)

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