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  • Photo du rédacteurPrudence Nazeyrollas

Les prophéties auto-réalisatrices (du placebo au bonheur)

Les prophéties auto-réalisatrices ou prédictions auto-réalisatrices: du placebo au bonheur!


L'effet placebo est souvent associé à du « rien », une inefficacité par rapport à autre chose et pourtant l'effet placebo est bel et bien une preuve d'efficacité... de soi sur soi. Mais qu'est-ce que l'effet placebo et comment pourrait-il nous aider ?


L'effet placebo n'est pas un effet isolé, il fait parti de la grande famille des prophéties auto-réalisatrices (ou prédictions auto-réalisatrices). Parmi ses cousins on retrouvera l'effet Pygmalion, l'effet Rosenthal et Jacobson, l'effet Hawthorne, la méthode Coué... Derrière toutes ces appellations il s'agit tout simplement du fait que croire en quelque chose augmente les chances que cela se produise réellement.



Qu'est-ce ? Comment cela fonctionne-t-il ? Comment l'utiliser ?


En ne gardant que quelques points de repère on peut remonter le temps et constater qu'il ne s'agit pas d'une nouveauté :

  • En 1928, Thomas énonce son théorème (le théorème de Thomas), ou primat du subjectif qu'il formule ainsi: « Si les hommes définissent des situations comme réelles, alors elles sont réelles dans leurs conséquences ».

  • Rosenthal et Jacobson (années 1960-1970) ont fait passer des tests de QI dans une école, ils ont donné des résultats faux aux professeurs (attribution aléatoire). Ils ont fait repasser un test de QI un an après le premier test et les QI des élèves à qui ils avaient attribué un meilleur QI (aléatoirement) avaient augmenté.

  • La même expérience a été réalisée avec des rats et des étudiants : on disait aux étudiants qu'ils avait des rats normaux voir de piètre intelligence et à d'autres étudiants que leur rats étaient sélectionnés avec une grande attention pour être des rats très intelligents. Quelques temps plus tard on faisait passer les rats dans un labyrinthe. Les rats étaient bien entendus les mêmes au départ avec une attribution aléatoire, hors, à l'arrivée, les rats prétendument plus intelligents étaient bien plus performants dans le labyrinthe. Les étudiants qui pensaient avoir des rats plus intelligents se sont donnés plus de peine pour les entraîner ils croyaient en leur potentiel.

  • E. Mayo vers les années 1930 a étudié cet effet dans le cadre de la productivité en usine : le simple fait de savoir qu'on remettait en question les conditions de travail augmentait la productivité. L'usine en question était l'usine Hawthorne, d'où le nom de l'effet : l'effet Hawthorne.

  • Encore plus tôt, fin XIXème, Coué, pharmacien de Nancy, abordait cet effet sous le prisme de l'auto-hypnose, de l'auto-suggestion par des pensées positives pour augmenter le confort de vie.

  • Encore plus tôt, fin XVIIIème début XIXème : L'effet placebo, sûrement le plus connu, il vient de la médecine. En étudiant l'efficacité des traitements on s'est rapidement rendu compte que même en l'absence de traitement un effet positif pouvait être constaté uniquement parce que la personne avait la croyance d'être soignée. On notera son opposé qui est strictement la même chose : l'effet nocebo, persuadé qu'un effet négatif va ou peut arriver, on augmente les chances qu'il se produise.

  • Lorsque l'installation de Mesmer (magnétisme animal) est testée en aveugle en 1784 les commissions d'enquêtes demandées par Louis XVI constateront bien un effet mais non attribuable à l'installation (ils l'avaient débranchée). Ils est dommage que l'enquête se soit arrêtée au fait que la machine ne servait à rien et qu'elle n'ait pas poursuivit sur l'origine de l'efficacité constatée et qui était en fait un effet placebo, peut être amplifié par des transes hypnotiques spontanées (l'efficacité de l'effet placebo tourne autour de 30-35% tandis que celle de l'hypnose atteint les 50%).

  • Encore plus tôt : Épictète, Ier siècle après J-C : « Ne demande pas que les choses arrivent comme tu le désires mais désire-les telles qu'elles arrivent et tu seras heureux. » et « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu'ils portent sur ces choses. ».

  • D'ailleurs on peut voir les stoïciens comme Marc Aurèle et Épictète comme les (grands) pères des thérapies cognitivo-comportementales. La perception de la réalité prime sur la réalité quand aux conséquences émotionnelles.

  • L'effet Pygmalion vient de la mythologie et du mythe de Pygmalion et Galatée, vers le IIIème siècle avant J.-C.. Pygmalion, sculpteur, sculpte la plus belle femme dont il puisse rêver, séduit par la beauté de sa sculpture, il en tombe amoureux. Aphrodite lui permettra de l'épouser. Parce qu'il a cru en Galatée, en sa beauté, il a conçu cette statue et elle a pris vie.

  • Encore plus tôt et de la même manière le mythe d’Oedipe dont on trouve des traces dès le VIIème siècle avant J.-C. peut être vu comme une prophétie auto-réalisatrice (non pas d'un point de vue psychologique puisqu'Oedipe n'était pas au courant de la prédiction mais d'un point de vue symbolique). On prédit à Jocaste et Laïos, que leur fils, Oedipe, tuerait Laïos et coucherait avec Jocaste, sa mère. Afin d'éviter ces drames les parents décident de tuer l'enfant mais sans qu'ils le sachent, Oedipe est sauvé et adopté par d'autres. Oedipe ne connaissant pas ses parents biologiques, croise son père qu'il tue puis épouse sa mère. Il y a fort à parier que s'il les avait connu il ne l'aurait pas fait et en tout cas Jocaste ne l'aurait pas épousé. Le fait de faire la prédiction à provoqué sa réalisation, ce thème se retrouve fréquemment en mythologie sous le prisme de la lutte contre la destinée).


Il ne s'agit pas de se répéter bêtement des phrases magiques, car l'effet risquerait d'être contraire ( J. Wood « Les gens qui ont une faible image d'eux-mêmes et répètent ce genre de messages pensant au fond d'eux que ce n'est pas vrai. Ces sentiments prédominent sur les messages positifs. »). Un effet paradoxal logique puisque si on se le répète sans y croire on lutte contre le message et développe donc l'effet inverse. Il s'agit de volontairement choisir de changer ses croyances, sa manière de se voir, de voir le monde qui nous entoure.

Il y a de nombreuses implications socio-économiques (croyances sur les milieux économiquement défavorisés, sur les « minorités visibles », sur l'éducation, la pédagogie, la productivité, dans le domaine de la santé, de la consommation de psychotropes, d'antalgiques ou de médicaments en général) mais ici je voulais aborder plus particulièrement le confort de vie, la confiance en soi etc.


Faire le choix d'un placebo conscient, de maximiser l'effet que nous pouvons avoir sur nous même, sur nos sensations, sur notre impression de bonheur.

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